Man of steel

MAN OF STEEL, Zach Snyder.

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Zach Znyder emprisonné par la vision de Nolan et un Superman qui peine a décollé… Un résultat en demi-teinte.

La grande mode à Hollywood, c’est le reboot. Quand une histoire a déjà été raconté mais qu’on en trouve pas de nouvelle… et bha on la raconte encore une fois. Si si.

Face au reboot (table-rase) de SPIDER-MAN, j’avais fermement critiqué la narration.
Le film de Marc Webb (THE AMAZING SPIDER-MAN), sorti une petite décennie après le premier SPIDER-MAN de Sam Raimi, se contentait de RE raconter la même histoire. Le spectateur payait un billet d’entrée pour assister aux mêmes épisodes : la morsure par l’araignée mutante, la mort de l’oncle Blen, etc…
Aucune place laissé au film de 2001 puisque tout est « refait ». Le film de Raimi, qui a de sérieuses qualités, s’en trouve comme effacé, volontairement oublié, piétiné.

En allant voir ce nouveau SUPERMAN, j’avais grande crainte pour mon petit « S » rouge de 1978…

Mais MAN OF STEEL fait preuve d’une radicalité à la fois bienvenue et déconcertante. Ce n’est pas un reboot séquence par séquence. Il propose en réalité une autre expérience du personnage de Superman. Le film est construit comme un puzzle (Nolan Touch). Certains passages « obligés » sont ici éludés, sous-entendu… Le personnage du père adoptif Kent (Kevin Costner, larmes !) ponctue le film dans des flash back d’une sensibilité juste.
C’est donc assez déroutant car mine de rien, on s’attend à « bon, maintenant, c’est le moment où…. » et NON ! Déroutant, cûlotté, mais une vraie idée de créateur. Une proposition originale de lecture du mythe…

De relecture plutôt ! Car les personnages et leur relation sont dans cette oeuvre complètement bouleversées. C’est toujours sur le fil du rasoir et semble parfois frôler le blasphème. « Ah sacrilège, mais comment c’est possible ? ». Snyder radicalise la démarche que Nolan empruntais sur ses BATMAN : moins de « moderniser », il s’agit plus ici de « réinventer » les personnages. Ainsi, un tour scénaristique rend caduc le jeu de duplicitée qui définissait précédemment le duo Clark Kent/ Lois Lane…
C’est parfois trop déstabilisant, mais c’est le sacrifice à accomplir pour permettre l’impression redécouvrir une histoire qu’on connaît par cœur. Une impression bien réelle. La (re)découverte opère. Et la magie du super-héros avec.

Mais le film aligne cependant quelques sérieux problèmes :

  • Un trop plein d’action qui tue l’action. Les méchants, intéressant et bien joués, sont trop forts… On assiste donc, surtout dans le dernier tiers, à un choc des titans… un peu longuet.

  • L’impression que le film propose toute une palette de scènes déjà filmées ailleurs : le trou noir dans AVENGERS, la lutte volante entre les buildings de MATRIX 3… Ça fait déjà vu, en moins bien. Les scènes de destructions de ville était beaucoup plus juste, plus « sensibles » dans le rigolo AVENGERS… c’est dire que le très sérieux MAN OF STEEL se plante !

  • Pas assez de seconds rôles. Ils n’apparaissent que lorsqu’on doit s’apitoyer sur eux, puis on les oublis aussitôt !

  • Pas assez de Clark Kent !!! Ce choix est compréhensible mais le film aura dû dans ce cas s’appeler SUPERMAN BEGINS… car contrairement au film de Donner, où le héros affronte le grand méchant une fois sa réputation de sauveur établie, ici, Superman apprends à devenir Superman pendant les 2h23… La découverte de soi se fait donc sur le tas, forcé, contrainte par l’arrivée du méchant… Un Kal-El contraint à prendre le costume, oui… Ce qui ne laisse aucun place à Clark Kent, à part quelques petites minutes… (Pour le coup, j’aurais presque préféré qu’on rajoute 15-20 minutes au film pour faire la part bel à cette deuxième facette du personnage (qui est aussi à l’honneur dans le film de 1978, produisant des scènes très réussites et très drôles… un registre qui manque cruellement au film de Snyder…))

Dans KILL BILL VOL.2, Tarantino faisait dire à Bill : [i]« Superman n'a pas eu à devenir Superman. Quand il est venu au monde, il était Superman. Quand Superman se lève le matin, il est Superman. Son alter ego, c'est Clark Kent. Son costume avec le grand S rouge, c'est la couverture dans laquelle il était enveloppé bébé quand les Kent l'ont trouvé. C'est ça sa tenue d'origine. Lorsque Kent met les lunettes et le costard, ça c'est un déguisement, ça c'est le costume que Superman met pour donner le change ».[/i]
Ce point de vue justifierait ce choix d'écarter Clark Kent du film, centré sur le début de Superman. D'abord apprendre à « être » Superman pour ultérieurement se « dissimulé » derrière Kent. La fin ouverte de MAN OF STEEL est clairement dans cette direction. Le surhomme accepte enfin ses origines extra-terrestres et finit par se costume en terrien. Pour être cohérent, la suite du film de Snyder devrait donc s’appeler CLARK KENT....

Autre plantage, et non des moindres :

  • L’estampillage « Chris Nolan » qui foire de manière assez catastrophique. Snyder, c’est du déluré (300, Watchmen, Sucker Punch)… Mais tout son univers graphique se retrouve ici écrasé par le filtre (ou marteau) « Nolan ». Couleur désaturée, musique formatée pour un Hans Zimmer qui ne se foule pas beaucoup… Même le choix du titre « MAN OF STEEL » qui privilégie le surnom du héros à son patronyme naturel fait figure de pâle copie à côté du « DARK KNIGHT »… Et la goûte qui fait déborder le vase, c’est le final.
    Nolan, c’est une mécanique bien huilée à la subtilité d’un bulldozzer… Voir les trois fins de ses trois BATMAN, qui reposent sur un même système : ouverture narrative, montage rythmé ou alterné, musique emballante pour un final en grande pompe avec l’apparition du titre, sobre noir sur blanc. Le génie de Nolan, c’est de parvenir à faire opérer la magie malgré ce produit ultra maîtrisé. J’avoue, oui, à chaque visionnage, Nolan m’attrape. J’ai des frissons, la chair de poule, les larmes qui montent… Sa « mécanique » marche. Et la force de l’émotion qui nait à ce moment là parvient à me faire oublier que tout cela n’est qu’une recette réfléchie et savamment reproduite encore et encore.
    Mais Snyder n’est pas Nolan. Il a d’autres qualités, d’autres inspirations et certainement d’autres prétentions… Alors pourquoi tenter de nous servir le même dessert ?? Car ici aussi, la recette du « final à la Nolan » se retrouve réemployée, avec les mêmes éléments cités plus haut, scrupuleusement reproduit !!!
    Et c’est le bide… La faute à quoi ? À qui ?? Je ne sais pas trop… A un film qui tout du long n’a pas réellement convaincu ? Aux choix radicaux de narrations qui me faisait sortir systématiquement de l’histoire pour comparer avec l’œuvre de 1978 ?? A une musique de Zimmer peu entraînante, car peu convaincante ?? (et peu convaincue elle-même ?)…
    Mon impression au début du générique de fin était d’avoir eu un sous DARK KNIGHT, en moins bon, sans le frisson, l’excitation quoi…

Le film a de vrais qualités (un sens de la mise en scène certain, un casting réussi) et surtout une audace inattendue. Qui, par un excès de confiance, dû au formatage Nolan, se change en une prétention désagréable… Le scénario devient confus, les scènes de combats gargantuesques, la musique caricaturale, les effets spéciaux boursouflés…

MAN OF STEEL déçoit donc forcement, tant les attentes étaient hautes… L’ensemble n’est pas un échec catastrophe ni une réussite totale… Pas le film « définitif » sur SUPERMAN, plus une autre variation autour de l’homme à la cape… qui m’a donné sacrément envie de revoir Christopher Reeves et Marlon Brando encapés.

Et sinon…
… Pour un bon film de super-héros, revoir WATCHMEN, du même réalisateur. Une véritable oeuvre complète. Un film plus adulte, qui a moins convaincu les studios mais qui révèle une vraie vision d’artiste, portée par un scénario nettement moins pif-paf-boum et une galerie de personnages saisissants. Des idées de mises en scènes toutes les deux minutes et une bande son de malades 100% retro (Hendrix, Bob Dylan, Janis Joplin…).

Vu ce soir… Bon, je sais je prends le temps mais j’y reviendrai! :slight_smile:

[quote=« Kilgore, post:1, topic:546 »]Et sinon…
… Pour un bon film de super-héros, revoir WATCHMEN, du même réalisateur. Une véritable oeuvre complète. Un film plus adulte, qui a moins convaincu les studios mais qui révèle une vraie vision d’artiste, portée par un scénario nettement moins pif-paf-boum et une galerie de personnages saisissants. Des idées de mises en scènes toutes les deux minutes et une bande son de malades 100% retro (Hendrix, Bob Dylan, Janis Joplin…).[/quote]
Allez, j’ose!
Pour moi la plus belle et surtout la plus juste adaptation d’un Comics réputé inadaptable! Vu il y a un an dans un format DC qui intègre au montage le splendide anim « Tales of the Black Freighter ». Dispo en BR US dans une version collector +++
Achat obligatoire!

Pour en revenir au sujet du fil et s’il fallait résumer mon ressenti en un mot après l’expérience Man of steel ça serait assurément : dommage! :-[

Acier:
Sur le plan pictural le film de Snyder possède de sérieux atouts. La puissance est bien là. Implacable, colossale. Quand bien même influencée par le duo Smith/Neo, la robustesse des corps face à ces amas de tôles et d’acier est vraiment impressionnante. Malheureusement à force de trop la montrer, on finit par la banaliser rendant la chute de Zod… un tantinet grotesque. Un comble.
Trop d’effets tue l’effet. Un vrai problème chez Snyder depuis quelques temps.

Krypton:
Là aussi visuellement très intéressant avec un Russell Crowe convaincant. Sans doute la partie la plus personnelle de Snyder, du moins celle où l’ombre de Nolan se fait plus discrete.

Clark:
Là je suis un peu plus partagé.
La version de 78 a bercé mon enfance, impossible pour moi d’être objectif ici. Cette citadelle est inattaquable. Pour autant je me pose la question de la présence d’un slip rouge en 2013 (Snyder aussi à priori, ouf!) mais aussi celle du « costume » de Superman, toujours en 2013. Peut-on encore se déguiser en passant un costume deux pièces, une paire de lunette, ainsi qu’un petit coup de peigne?? Oui je sais, là pour le coup je blasphème sévère notamment sur les rapports Kent/Lane mais bon. 10 saisons de Smallville (pour ne citer qu’elles) plus tard, il était peut-être temps d’oser!
Tout ça pour dire que la mise en parenthèse de Clark Kent ne me perturbe pas plus que ça sur le fond. Sur la forme (le final) je rejoins complètement Clément.

Narration:
Nolan est là mais le traitement en flash-back fonctionne bien, très bien même.

Zimmer:
Pas inintéressante (quelques thèmes qui marquent) mais au final trop présente. Conséquence d’un trop plein d’action? Sans doute. Du coup, exit la subtilité (s’il convient de parler de subtilité avec Hans! ;D)
Si si, écoutez sa partition du superbe « Black Hawk Down » ou « Hannibal ». :wink:

Raté:
L’arrivée brutale, quasi « burlesque », du costume.
La première démonstration de puissance qui arrive bcp trop tôt (plate-forme pétrolière).