Script commun - 2012

Thierry, merci aussi pour ton retour constructif. :wink:
Tu soulèves pas mal de points qu’il me faut éclaircir.

Je commence par la fin, plus simple, à propos de la logistique.
Evidemment en écrivant cela, j’ai essayé de me demander si c’était « faisable », surtout pour ce qui est de l’hosto.
Si tu regardes bien, on est jamais dans le bloc, avec le ventre ouvert, le sang, toute l’équipe, etc … mais on reste en salle de réveil.
Ce n’est pas innocent, il est en effet possible de maquiller une salle classique en salle de réveil.
J’ai quelques idées pour squatter, mon épouse travaille à Sens en hôpital de jour (HDJ). C’est fermé le WE, faudrait que je vois si je peux « emprunter les lieux » (on va éviter le Guerilla Style!). Je sais aussi que le bloc de gynéco ne sert jamais (ils vont au bloc de chir).

Si j’ai l’accord pour le lieu, y’a pas vraiment de souci pour une ou deux perfs (du sérum salé), et les scopes y’en a partout en HDJ. Bref avec un peu de prépa c’est jouable. J’ai tout ce qu’il faut pour les seringues/aiguilles, les anesthésiques sont bien blancs (le Diprivan célèbre depuis le décès de M.Jackson…), donc on peut mettre du lait. On a le droit de faire réaliste !

Pour les motivations initiales de Karine : effectivement il faut imaginer dans ce que tu évoques. Des causes qui font que le choix initial semble logique, presque « légitime », puis après on réfléchit et on se demande si c’est si juste que ça (un peu comme le lendemain d’une dispute, on relativise alors qu’à chaud on est emporté). Et on peut revenir en arrière.
Mais il ne faut pas s’appesantir sur cet aspect, je pense que c’est là l’écueil, car traiter du « juste choix » en la matière revient immanquablement à « juger », ce qui est hors de question.
Donc : peu importe pourquoi elle a fait ce choix, on veut juste que ce choix puisse être réversible (d’où le début).

[quote=« Thierry, post:59, topic:457 »]Sur le coup, et ce malgré de multiples incertitudes quant au sens de ton propos, cela ne m’a pas spécialement gêné. J’y trouvais même une manière de filouter et de jouer avec le spectateur avec comme fer de lance le très Lynchien artifice de la numérologie à la 147… Ensuite, lorsque tu évoquais la disparition de Karine et de son enfant dans une rue adjacente (différente de celle emprunté par l’autre mère), j’y voyais une métaphore sur le deuil : Karine qui emporte son enfant dans un ailleurs qui ne sera pas celui du vivant.

Dans cet écrit aussi tu es très clair et je comprends le message que tu souhaites faire passer. Mais personnellement je suis passé complètement à côté.[/quote]
Est-ce le principal que chaque spectateur reçoive le message que j’indique en NI ? Pas forcement. Je trouve que ton interprétation initiale est fort intéressante, avec les chemins qui divergent. Tu dis être passé à côté : oui par rapport à la NI, parce que tu l’as lue, mais sinon ? Si c’est bien filmé, que tu en ressorts plein de questions, pourquoi cela ne suffirait-il pas ?

Le plus compliqué, c’est effectivement le « switch ». Tu as complètement raison : c’est difficile.
Difficile car tu exposes tous les cas possibles, aucun n’est faux, y compris ce que tu dis au début en toute sobriété !
Je savais qu’en l’état, le synopsis ne permettait pas de faire l’histoire exacte, bien trop de possibilités.

Pour moi, malgré le sujet un peu lourd, on a le droit de rester dans le fantastique. J’ai changé le synopsis pour intégrer l’histoire de la seconde ajoutée, je pense qu’il faut travailler à ce que la transition entre les deux plans clés indique clairement que quelque chose s’est passé, en parallèle de ce compte-à-rebours qu’on entend (peut-être un plan de transition fait dans AE montrant deux espaces-temps qui se séparent pour expliciter au spectateur ?? Faudrait trouver une représentation graphique … hein Tim ?)
Je suis d’accord qu’il faut qu’il y en ai plus que ce que j’ai mis initialement (cf. mes notes à Clément).

Il importe de distiller juste ce qu’il faut de fantastique pour que ce soit « acceptable ».
Trouver le juste milieu pour qu’ensuite chacun puisse y trouver son compte. C’est là est le plus dur.

Ma vision personnelle => au moment où la seconde s’ajoute, le temps s’écarte en Y, avec deux choix possibles :
… on réalise l’IVG
… Karine change d’avis et la dimension fantastique de l’histoire permet de compresser le temps pour qu’on arrive direct à l’accouchement
Mais à partir du Y, aucune ne se joue réellement dans sa mesure temporelle propre (je suis sobre aussi Thierry !), tout est accéléré et finalement subit : on tombe devant le fait accompli. Les deux options cohabitent en parallèle, mais je choisis de retenir celle-ci (pour le message expliqué en NI).
Et c’est pas facile à « montrer ».

De toute façon, sauf à clairement sous-titrer le message qu’on veut faire passer au réveil de Karine, je ne pense pas qu’il soit ici possible de réussir visuellement à donner à chaque spectateur le même message.

Encore une fois, 100% d’accord que la transition est trop brute, il faut travailler dessus pour ne pas perdre le spectateur.
Oui pour le manipuler, mais pas forcément pour passer à tout prix « ce message-là ». J’ai eu besoin de vous l’expliquer en NI pour que vous compreniez mes motivations mais je le redis : si l’ensemble est au final cohérent, est-ce grave si un spectateur retient un autre message (on évitera juste le message anti-IVG comme je l’ai déjà écris, puisqu’il ne s’agit pas de ça) ?

Par contre si j’insiste sur le côté « hébété », « surpris » de Karine, c’est aussi tout simplement qu’elle n’en revient pas.
Peu importe qu’elle ait fait les 7 mois de grossesse en 7 mois ou en une seconde, l’enfant « réel » est là, palpable. Elle avait fait le choix de l’IVG, et, devant l’enfant, on peut imaginer les sentiments ressentis (culpabilité, remords, mais aussi soulagement de ne l’avoir pas fait …).

Alors bien sûr on joue avec le spectateur, car dans une lecture directe on ressent exactement ce que tu dis Thierry : soit il décroche, soit il interprète à sa façon.
Je préfère la seconde option.
On ne pourra pas décemment tout expliquer « au réveil », il faut garder cette suspension dans le temps, ces scénarios multiples possible. J’aime bien l’idée d’amener le spectateur à croire ce qui finalement n’est pas. Par exemple le bébé qu’on met dans ses bras, elle fait des gros yeux : le spectateur pense erreur des sages-femmes, moi je vois une femme qui se dit « Heureusement que je ne l’ai pas fait ! ». Le visage serait-il différent en terme d’expressions ? Pas sûr.

Mais peut-être que tout ça n’est pas « filmable » finalement … :-[
En tout cas mon objectif personnel est déjà doublement atteint : j’ai pu m’entraîner avec un vrai plaisir à un exercice nouveau bien loin des vitesses d’obturations et réglages ISO, et vos réactions me confirment positivement que j’ai bien fait de mener l’exercice au bout !

Juste en complément de cette intéressante discussion, allez voir si ce n’est déjà fait cette vidéo de Vincent Laforêt.

Pour vous, est-il important que comprendre comment la boucle a été bouclée (je n’en dit pas plus pour ne pas spoiler), ou bien le plus important aura été l’expérience de spectateur ?

En clair : faut-il que soit expliqué le pourquoi du comment du moment que le compte y est ?

La réponse à cette question est évidente en ce qui me concerne.
Ce qui me gênait dans ton synopsis c’était cette (grande) liberté d’interprétation qu’on ne retrouvait pas forcément dans ta NI. Après si ton parti pris évolue (ce qui semble être le cas), c’est une autre histoire qui commence… :wink:

A mon tour de te remercier pour toutes ces clarifications. Et puis bien vu pour tout l’aspect logistique! Une écriture intelligente en somme! ;D

Avec un peu de boulot de réécriture, on pourrait avoir notre second film de l’été ! :wink:

Par contre, heu, le bébé tout frais ?